Institut scientifique de Santé Publique
Toxicologie génétique
J. Wytsmanstraat 14
B-1050 Bruxelles
Etude in vitro de la maladie d’Alzheimer (2009-2021)
Rapports d'activités
2018
L. Verschaeve, A. Maes, R. Anthonissen, M. Ledent
Nos recherches sur l’association possible entre l’exposition à des champs magnétiques de très basse fréquence et un risque accru de maladie d’Alzheimer ont été complétées par une étude cytogénétique utilisant les méthodes d’hybridation in situ par fluorescence (FISH). Avec cette étude, nous n’avons pas pu confirmer les résultats antérieurs et n’avons donc pas trouvé d’arguments en faveur d’un risque accru de maladie d’Alzheimer lié à l’exposition aux champs magnétiques d’extrêmement basses fréquences.
Il n’existe à ce jour aucune indication solide d’un effet des champs magnétiques de fréquences extrêmement basses sur l’apparition ou l’évolution de la maladie d’Alzheimer.
2013-2017
L. Verschaeve, A. Maes, R. Anthonissen
Nos recherches sur l’association possible entre l’exposition aux champs magnétiques d’extrêmement basses fréquences (CM-EBF) et un risque accru de maladie d’Alzheimer sont basées sur des études (cyto)génétiques de lignées cellulaires humaines. Nous avons relevé des aberrations chromosomiques à des niveaux d’exposition supérieurs à 100µT. Cependant, nous avons aussi trouvé certaines indications de dommages génétiques à des niveaux d’exposition de ≥ 50 µT, vraisemblablement des perturbations de la division cellulaire et de l’amplification génétique. Ce résultat est indicatif d’un effet qui pourrait correspondre à ceux observés chez les patients atteints d’Alzheimer. Il est toutefois trop tôt pour tirer des conclusions et actuellement nous améliorons notre recherche en menant des études approfondies. Les résultats ne sont pas encore disponibles.
Enfin, nous avons également constaté des dommages génétiques moindres par rapport à ceux observés dans les cellules non exposées à de faibles niveaux d’exposition (<10 µT), ce qui peut indiquer une « réponse adaptative ». On ne sait pas encore si cet effet biologique bénéfique à première vue persiste lorsque les cellules/organismes sont exposés pendant de longues périodes. Il semble important d’approfondir cette question.
Nous avons également écrit et publié une revue de la littérature sur « Genetic damage in humans exposed to extremely low frequency electromagnetic fields” (voir un résumé dans la revue de littérature). Bien que des effets génétiques aient souvent été rapportés, nous croyons qu’aucune conclusion définitive ne peut encore être tirée en raison des lacunes de la majorité des études publiées.
Nous avons également participé à de nombreux groupes de travail nationaux et internationaux sur les radiations non ionisantes et pris part à de nombreuses conférences.
2009-2013
L. Verschaeve, A. Maes, R. Anthonissen, H. Moukhliss
Nous analysons l’association entre l’exposition aux champs magnétiques de fréquences extrêmement basses et l’augmentation du risque de maladie d’Alzheimer à l’aide d’études (cyto)génétiques sur des lignées de cellules humaines. Nous avons porté une attention particulière sur de possibles effets génétiques coopératifs avec des environnementaux carcinogènes/mutagènes, et à l’induction d’anomalies similaires aux dommages génétiques relevés dans les cellules de patients atteints d’Alzheimer. Dans ce but, nous avons validé le test de cytome, utilisé le test bactérien VITOTOX pour analyser les dommages à l’ADN résultant d’effets coopératifs avec des agents mutagènes (divers modes d’action) et réalisé le test de cytome sur des cellules humaines C3A et SH-SY5Y exposées à des champs magnétiques EBF. Nous travaillerons également sur des cellules IMR-32, mais les analyses doivent encore être finalisées.
A ce jour, nos résultats sont les suivants :
- Aucun signe d’effet coopératif (champ magnétique 50 Hz + agents chimiques carcinogènes ou mutagènes) n’ a été trouvé avec le test VITOTOX. Cela est quelque peu en contradiction avec nos résultats antérieurs. En 2003, ce test avait permis de montré des effets d’une co-exposition avec une substance aneugénique sur des globules blancs, mais les effets étaient limités.
- Nous avons relevé une augmentation du nombre de cellules présentant de grands micronoyaux (indicateurs d’une action aneugénique) et des bourgeons nucléaires (indicateurs d’une amplification génique). Comme attendu, aucun aberrations de la structure des chromosomes n’a été observée (ponts nucléaires, petits micronoyaux).
- Pas d’effet clair sur la prolifération cellulaire (index de division cellulaire) et sur l’apoptose (mort cellulaire programmée). A 500 µT, la prolifération des cellules était légèrement supérieure (index plus élevé de division cellulaire), mais sans atteindre le seuil de signification statistique. Dans un travail antérieur sur des lymphocytes (1), nous avions observé des effets sur la prolifération cellulaire à de hauts niveaux d’exposition (800µT).
- Aucune réponse cellulaire spécifique n’a été observée dans le sens où les cellules C3A et SH-SY5Y donnent apparemment la même réponse lors de l’exposition aux champs magnétiques d’extrêmement basses fréquences. Toutefois, les lymphocytes humains semblent avoir une réponse différente (en accord avec nos résultats de 2003).
- Grâce à la technique de coloration FISH (Fluorescence in situ hybridization), nous pourrons confirmer (ou non) l’effet sur l’aneuploïdie (perturbations de la division cellulaire) et l’éventuelle implication des chromosomes 21 et 17 sur lesquels sont situés les gènes amyloïde β et Tau. Ces deux gènes sont considérés comme très importants dans le processus de développement de la maladie d’Alzheimer. Ces analyses, ainsi que la finalisation des expériences en cours, sont nos priorités des 9 prochains mois.
- Les courbes “dose-réponse” montrent une trajectoire non monotones. Bien qu’un grand nombre de substances semblent être capables de produire un tel effet (par exemple, les hormones naturelles, les polluants environnementaux, les plastiques, les phytooestrogènes et les pesticides), nous ne savons pas comment expliquer ce résultat en ce qui concerne les CM-EBF.
Il convient de souligner que malgré certains résultats, voir plus haut, il n’existe à ce jour aucune indication solide d’un effet des champs magnétiques de fréquences extrêmement basses sur l’apparition ou l’évolution de la maladie d’Alzheimer.
(1) Verheyen G., Pauwels G., Verschaeve L., & Schoeters G. (2003) The effect of co-exposure of 50 Hz magnetic fields and an aneugen on human lymphocytes, determined by the cytokinesis-block micronucleus assay. Bioelectromagnetics , 24, 160-164.
Publications dans le cadre des activités du BBEMG
Genetic damage in humans exposed to extremely low-frequency electromagnetic fields. Arch Toxicol., 90(10):2337-2348.
>> Abstract in PubMed or in our literature reviews
Maes A., Anthonissen R., Verschaeve L. (2015)
On the alleged association between extreme low frequency magnetic field exposures and an increased risk for Alzheimer’s disease.
In Ristic G., ed., Proc. 3rd International Conference on Radiation and Applications in Various Fields of Research, 8-13 June, Budva, Montenegro, RAD Association, Niš, Serbia, pp. 451-454.
Maes A., & Verschaeve L. (2011).
Can cytogenetics explain the possible association between exposure to extreme low frequency magnetic fields and Alzheimer’s disease? J. Appl. Toxicol., 32(2), 81–87.
>> Abstract in PubMed