Classification des dangers par le CIRC

Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une agence spécialisée de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), travaille sur la classification des agents en fonction de leur cancérogénicité. Afin de les classer, l’agence publie des études détaillées (monographies) qui évaluent les faisceaux de preuves scientifiques ainsi que leur solidité Au total, ce sont plusieurs centaines d’agents, tels que le tabac, le plomb, le café ou les rayons UV, qui sont évalués par le CIRC. Parmi ces agents, nous retrouvons les champs électromagnétiques, qui font l’objet de deux évaluations distinctes : l’une portant sur les champs magnétiques et l’autre sur les champs électriques, toutes deux portant sur les extrêmement basses fréquences.

En 2019, le CIRC a mis à jour son préambule (anglais seulement) – une introduction qui explique les critères et le processus utilisé pour évaluer la cancérogénicité de diverses substances et agents. Dans ce préambule, une précision importante est apportée en remplaçant le nom : ‘Monographies du CIRC’ en ‘Monographies du CIRC sur l’identification du danger cancérogène pour l’homme‘. Il s’agit d’une précision importante, car il y a une différence entre « danger » et « risque ». Dans cette nouvelle version, l’évaluation se concentre sur l’identification du « danger », c’est-à-dire  la capacité de l’agent à être cancérogène, quel que soit le niveau d’exposition du public ou en milieu professionnel, tandis que le « risque » survient lorsqu’un danger et une exposition à l’agent sont présents.

De plus, les groupes de classification ont été réduits de cinq à quatre (groupe 1 : cancérogène pour l’homme, groupe 2A : probablement cancérogène pour l’homme, groupe 2B : peut-être cancérogène pour l’homme et groupe 3 : inclassable quant à sa cancérogénicité pour l’homme) ; le groupe « non cancérogène » est retiré de la classification. Finalement, les critères d’évaluation ont été révisés sur la base de nouvelles preuves. Par exemple, une plus grande importance est accordée aux preuves mécanistes provenant d’études in vitro. Les preuves mécanistes font référence à la façon dont l’agent agit pour provoquer les effets cancérigènes, par exemple au niveau moléculaire, au niveau cellulaire, etc.

1. Niveau de confiance des données probantes

Cancers chez l'homme ?

Preuves suffisantes :

  • Un lien de causalité a été établi.
  • Le hasard, les biais et les facteurs de confusion ont pu être écartés avec une confiance raisonnable.

Preuves limitées :

  • L’interprétation causale est crédible.
  • Le hasard, les biais ou les facteurs de confusion n’ont pas pu être exclus avec une confiance raisonnable.

Preuves insuffisantes :

  • Les études ne permettent pas de conclure à une association causale ;
  • Ou aucune donnée n’est disponible.

Preuves suggérant une absence de cancérogénicité :

  • Plusieurs études de haute qualité couvrant toute la gamme des niveaux d’exposition sont mutuellement cohérentes entre elles et, ne montrent aucune association à aucun niveau d’exposition observé.
  • Les biais et les facteurs de confusion ont été écartées avec une confiance raisonnable.
  • Les conclusions sont limitées aux sites de cancer, aux populations, aux périodes de la vie, aux niveaux d’exposition ainsi qu’à la durée d’observation, tels qu’ils sont couverts par les études disponibles.

Cancers chez les animaux ?

Preuves suffisantes : La relation causale été établie par l’une des façons suivantes :

  • Plusieurs résultats montrent une relation causale (2 ou plus : espèces, études ou sexes de l’étude des Bonnes Pratiques de Laboratoire)
  • Résultat d’une seule étude lorsque le cancer se manifeste de manière inhabituelle (incidence, site/type, âge d’apparition ou multisite)

Preuves limitées :

  • Les données suggèrent un effet cancérogène mais sont limitées : par exemple, à partir d’une seule étude, de questions non résolues, de tumeurs bénignes uniquement, de promotion de l’activité uniquement, etc.

Preuves insuffisantes :

  • Les études ne permettent pas de conclure à un effet cancérogène (limites qualitatives ou quantitatives majeures ou absence de données disponibles)

Preuves suggérant une absence de cancérogénicité :

  • Des études adéquates portant sur les deux sexes d’au moins deux espèces montrent que l’agent n’est pas cancérogène
  • Les conclusions sont limitées aux espèces, aux sites de cancer, à l’âge au moment de l’exposition, ainsi qu’aux conditions et aux niveaux d’exposition tels qu’ils sont couverts par les études disponibles étudiés

2. Preuves mécanistes

Preuves mécanistes solides :

  • Les résultats obtenus dans différentes études, examinant les processus biologiques sous-jacents sont cohérents, montrant que les données disponibles sont en accord les unes avec les autres.

Preuves mécanistes limitées (les preuves sont évocatrices, mais):

  • Les études portent sur un éventail restreint d’expériences, de paramètres pertinents et/ou d’espèces.
  • Incohérences inexpliquées dans les études examinant les processus biologiques sous-jacents de conception similaire.
  • Incohérence inexpliquée entre les études examinant les processus biologiques sous-jacents pour différents paramètres ou dans différents systèmes expérimentaux.

Preuves mécanistes insuffisantes :

  • Peu ou pas de données sont disponibles.
  • Questions non résolues.
  • Les résultats disponibles sont négatifs.

3. Classement général :

La classification du CIRC est basée sur la certitude des preuves et les preuves mécanistes comme suit :

Groupe 1 : Cancérogène pour l’homme

  • Preuves suffisantes de cancérogénicité chez l’homme

Groupe 2A : Probablement cancérogène pour l’homme (au moins deux des évaluations suivantes dont au moins une impliquant des humains exposés ou des cellules ou tissus humains)

  • Preuves limitées de cancérogénicité chez l’homme
  • Preuves suffisantes de cancérogénicité chez les animaux de laboratoire
  • Preuves solides que l’agent présente des caractéristiques clés de cancérogénicité (preuves mécanistes)

Groupe 2B : Possiblement cancérogène pour l’homme (une seule des conditions suivantes)

  • Preuves limitées de cancérogénicité chez l’homme
  • Preuves suffisantes de cancérogénicité chez les animaux de laboratoire
  • Preuves solides que l’agent présente des caractéristiques clés de cancérogénicité (preuves mécanistes)

Groupe 3 : Non classable quant à sa cancérogénicité pour l’homme

  • Preuves insuffisantes chez l’homme

Preuves insuffisantes chez les animaux de laboratoire

© Droit d’auteur – Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), 2025. Tous droits réservés.
Source : https://www.iarc.who.int/infographics/iarc-monographs-classification/

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